samedi 2 avril 2011

Dokdo ou les Iles de la discorde



A défaut de pomme, la discorde coréano-japonaise s'entretient (entre autres) autour des Iles de Dokdo  (en coreen), Rochers de Liancourt (en français) ou Takeshima (en japonais). Apres avoir brûlée pour le récent cataclysme, l'éphémère flamme de l'amour et de la compassion chancelle puisque le gouvernement japonais a confirmé que le petit archipel Takeshima serait inséré, dans les manuels scolaires, en tant que territoire japonais.

1. Géographie

a- Localisation
• L’île de l’Est : latitude Nord 37°14′26,8″ / longitude 131°52′10,4″
• L’île de l’Ouest : latitude Nord 37°14′30,6″ / longitude 131°51′54,6″
b- Distance
• Entre Ulleungdo et Dokdo : 87,4km / Entre Jukbyeon (Uljin-gun, province de Gyeongsangbuk-do) et Dokdo : 216,8km
• Entre Jukbyeon (Uljin-gun, province de Gyeongsangbuk-do) et Ulleungdo : 130,3km / Entre Dokdo et îles d’Oki : 157,5km
* Quel que soit l’endroit où l’on se trouve au Japon, on ne peut pas voir l’île de Dokdo alors que l’île est visible à l’oeil nu depuis Ulleungdo (Corée). Petite mention pour cet argument choc !
c- Etendue et superficie
• Dokdo est composée de 91 îles, dont les îles de l’Est et l’Ouest, avec une superficie de 187 554㎡ et la distance la plus courte entre les îles de l’Est et l’Ouest est 151 m à marée basse.
• Ile de l’Est: 73 297㎡, altitude 98,6m, circonférence 2,8km
• Ile de l’Ouest: 88 740㎡, altitude 168,5m, circonférence 2,6km
• Ilot rattachés: 25 517㎡

2. Histoire

> Dokdo appartient à la Corée depuis l’annexion d’Usan-guk par le royaume de Silla en 512 après J.C.
En 512 (13ème année du roi Jijeung du royaume de Silla), Isabu, général d’Haseullaju (actuelle Gangneung) conquis et annexa Usan-guk (selon Samguk sagi "histoire des Trois Royaumes", volume IV). Usan-guk fut
un petit pays qui contrôla Ulleungdo et des îles rattachées. Une de ces îles, Dokdo fut intégrée dans le territoire de Silla et occupa une place dans l’histoire de la Corée et l’ère de la civilisation coréenne.

> D’après des documents de l’époque, Dokdo a fait partie du royaume de Joseon.
Selon Sejong sillok jiriji ("annales royales de Sejong", section de géographie, 1454), Usanguk comprit les deux îles d’Usan et de Mureung situées dans la mer à l’est d’Hyeon (équivalent de la préfecture) d’Uljin, et elles furent situées à une telle distance qu'elles pouvaient être vues l'une de l'autre par beau temps. Cette description témoigne de l’appartenance d’Ulleungdo et de Dokdo à Joseon. A cela s’ajoutent divers documents officiels tels que Goryeosa jiriji ("histoire du royaume de Goryeo", section de géographie, 1451), Sinjeung dongguk yeoji seungnam ("édition révisée de la nomenclature augmentée de la géographie de la Corée", 1530), Dongguk munheon bigo ("encyclopédie des documents", 1770), Man-gi yoram ("manuel des affaires d’Etat", 1808), Jeungbo munheon bigo ("encyclopédie révisé et augmenté des documents", 1908).

> En 1877, le gouvernement de Meiji a reconnu qu’Ulleungdo et Dokdo n’avaient rien à voir avec le Japon.
En mars 1877, le ministère des Affaires Intérieures et le Dajokan ("grand conseil d’Etat") confirmèrent que « c’était une dispute réglée en 1696 » et qu’ « Ulleungdo et une autre île (à savoir, Dokdo) n’avaient rien à voir avec le Japon et étaient un territoire de Joseon ». Cette confirmation se basa sur la décision du shogounat d’Edo après l’incident d’AN Yong-bok. En 1693, le shogounat d’Edo fut informé de l’entrée d’An Yong-bok et de son groupe au Japon et promulgua le 28 janvier 1696 un embargo sur les voyages à Ulleungdo selon des enquêtes du fief de Tottori. Ce fait montre bien évidemment que le Japon a, lui aussi, considéré Ulleungdo et Dokdo comme faisant partie du territoire de la Corée depuis longtemps.

3. Droit

> En 1905, le Japon a incorporé Dokdo dans son territoire durant la guerre russo-japonaise.
En janvier 1905, le Japon a intégré îles de Dokdo dans le territoire japonais par l’avis n° 40 de la préfecture de Shimane du 22 février 1905 en prétendant qu’elle était une terra nullius (terre n’appartient à personne). L’intégration de Dokdo correspondait à l’invasion japonaise de la péninsule coréenne pendant la guerre russojaponaise, à un acte illégal et à une décision nulle et non avenue car l’Empire de Corée possédait déjà le droit sur Dokdo. L’Empire de Corée avait émis l'ordonnance impériale n° 41 en 1900 (4ème année du Roi Gwangmu), et avait pris des mesures consistant à incorporer Seokdo, c’est-à dire Dokdo, dans la zone administrative d’Uldogun afin de renforcer sa souveraineté territoriale.

> En 1946, le quartier général du Commandant suprême des Forces Alliées a affirmé que Dokdo appartenait à la Corée.
Le quartier général du Commandant suprême des Forces Alliées a, le 29 janvier 1946, donné l’instruction 677 (SCAPIN n° 677) du Commandant en Chef des Forces Alliées, a spécifiquement délimité le territoire japonais et a établi qu'Ulleungdo, Jeju-do, et Dokdo étaient à exclure de l'autorité administrative japonaise. L’instruction 1033 (SCAPIN n° 1033) du 22 juin 1946 interdisait ensuite aux bateaux japonais l’accès a l’île de Dokdo et à ses eaux jusqu’à une distance de douze mille marin.

> En 1951, les lois japonaises ont exclu Dokdo du territoire japonais.
L’ordonnance ministérielle n° 24 relative à la liquidation des biens acquis par le gouvernement d’occupation japonais publiée le 6 juin 1951 stipule, dans l’article 2 : Délimitation des îles appartenant au territoire japonais, que "les îles suivantes sont exclues (du territoire japonais) : ...... îles d’Ulleungdo, de Dokdo et de Jeju" et réaffirme l’étendue territoriale de l’autorité administrative japonaise définie par SCAPIN n° 677.

4. Du négationisme à la japonaise ou quand les japoniais font des coréâneries

En dehors du contentieux relatif à ces îles, certains manuels ont altéré des évènements historiques comme l’invasion japonaise d’Imjin (1592-1598) dans la péninsule coréenne, l’intrusion dans l’île de Gangwha en 1875, l’annexion de la péninsule coréenne  (1910-1945), la colonisation culturelle (ex. : le 31 mars 1938, le lycée Sungshil de Pyongyang est fermé après avoir refusé de forcer ses élèves à prier dans des sanctuaires japonais ; le 31 mars 1941, le gouvernement colonial japonais interdit l’enseignement et l’utilisation de la langue coréenne dans les écoles) et, encore plus grave, ils ne mentionnent même pas la mobilisation forcée des femmes coréennes comme « femmes de réconfort » pour les soldats de l’armée japonaise durant la guerre du Pacifique.
On dit de l'histoire que ce sont les vainqueurs qui l'écrivent - vae victis - mais il semblerait que l'histoire en ait perdu son latin. A moins que ce ne soient les vaincus...

5. Conséquences récentes de l'intensification de la revendication territoriale :

- Baisse des dons des sud-coréens aux victimes japonaises ;
- Rénovations de l'héliport de Dokdo (900 millions de wons = 800 000 dollars pour les travaux), constructions d'habitations supplémentaires ainsi qu'un centre de sciences maritimes pour des recherches océanographiques qui devrait voir le jour en 2013.

Quelques réactions coréennes révélatrices publiées par le Korea times qui n'hésite pas à évoquer la trahison japonaise :
- “We have been showing support for those affected by the recent earthquake and now they want to argue that Dokdo is theirs? That doesn’t make any sense” ;
- “We should stop gathering money for them” ;
- “If I had known they would act like this, I wouldn’t have donated any money” ;
- “Since Japan is sinking, they need a place like Dokdo to relocate”.

Ce qui est étonnant, c'est que certains considèrent que les coréens exagèrent. En effet, le Japon revendique des territoires à la Russie et à la Chine. Par conséquent, il serait illogique de ne pas faire de même avec la Corée (je simplifie un peu).

Par ailleurs, les coréens ont proposé l'envoi d'experts nucléaires, poliment decliné par le gouvernement japonais, alors  même que ce dernier a demandé de l'aide aux Etats-Unis et à la France. Que voilà de l'orgueil mal placé !

Sources :
Insight into Dokdo, sous la direction de Park Hyun-Jin, aux éditions Korea Herald. Dans cet ouvrage, deux professeurs japonais cautionnent le caractère infondé des revendications japonaises. Seichu Naito titre sa contribution "Tokyo's Dokdo claim is groundless (pp.158-162)  ;
Le wiki ;
Prospectus en francais du Gouvernement coreens ;
Yonhap.

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